La forêt comestible

3000 plants, le bilan

11/11/2021

Que le temps passe vite ! Il y a déjà 1 an, je me lançais le défi de semer en grandes quantités pour obtenir 3000 plants et ainsi densifier rapidement ma forêt comestible.

À vrai dire, je me doutais que je n’atteindrais pas les 3000 plants, je me disais que je serais déjà content d’en obtenir 1000. C’est finalement bien moins que j’ai obtenu, même en comptabilisant ceux qui sont restés petits et chétifs. Place donc au bilan.

Le bilan

D’abord, je constate qu’au sein d’une même espèce, le bilan est plutôt homogène : il y a celles qui ont fonctionné et celles qui n’ont pas fonctionné. Si je devais simplifier le bilan, je dirais qu’il y a 4 catégories d’espèces. Du moins satisfaisant au plus satisfaisant :

Les espèces qui n’ont jamais germé :

Nom commun Nom latin
Érable sycomore Acer pseudoplatanus
Aubépine Crataegus monogyna
Tilleul à grandes feuilles Tilia platyphyllos
Sapin de Fraser Abies fraseri
Sapin nordmann Abies nordmannania
Aulne à feuilles en cœur Alnus cordata
Aulne glutineux Alnus glutinosa
Aulne rouge Alnus rubra
Aulne vert Alnus viridis
Arbousier Arbutus unedo
Bouleau commun Betula pendula
Théier Camellia sinensis
Caraganier de Sibérie Caragana arborescens
Cornouiller mâle Cornus mas
Tomate en arbre Cyphomandra betacea
Gênet des teinturiers Genista tinctoria
Lupin en arbre Lupinus arboreus
Bourdaine Rhamnus frangula
Mûrier sauvage Rubus fruticosus
Framboisiers Rubus idaeus
Airelle à feuille étroite Vaccinium augustifolium
Airelle à gros fruits Vaccinium macrocarpon
Viorne obier Viburnum opulus
Glycine Wisteria sinensis
Poivrier chinois (simulans) Zanthoxylum simulans

Parmi ces espèces, il y a je pense différentes explications :

Les espèces qui ont germé mais qui sont mortes :

Nom commun Nom latin
Arbre de Judée Cercis siliquastrum
Églantier Rosa canina
Faux indigo canesens Amorpha canescens
Grande absinthe Artemisia absinthium
Sureau noir Sambucus nigra

La petitesse des pots et l’arrosage irrégulier explique sans doute en grande partie le déclin de ces espèces qui avaient pourtant germé.

Pour la majeure partie, je n’ai malheureusement pas comptabilisé le nombre de germination pour avoir une idée plus précise de ce qui n’a jamais germé versus ce qui est mort après avoir germé. J’ai compté seulement pour les faux-indigo et j’avais 80% de germination, plus que les 70% annoncés par le fournisseur.

Les espèces qui ont bien survécu mais qui sont restées chétives :

Nom commun Nom latin Quantité espérée Quantité obtenue
Charme commun Carpinus betulus 50 77
Cornouiller de Chine Cornus kousa chinensis 20 5
Mauve en arbre Hibiscus syriacus 125 20
Troène commun Ligustrum vulgaris 100 31
Myrique à cire Myrica cerifera 100 16
Rosier rugueux rouge Rosa rugosa 100 130
Rosier rugueux blanc Rosa rugosa 100 104
Alisier torminal Sorbus torminalis 40 5

Au total, ce sont 388 plants chétifs de ces espèces que j’ai obtenu. Une assez belle performance, même si la faiblesse de ces plants ne m’assure pas qu’ils vont passer l’hiver !

Je suis agréablement surpris par le taux de réussite des rosiers, qui est même supérieur à ce que j’espérais !

Les espèces qui ont donné des plants robustes :

Nom commun Nom latin Quantité espérée Quantité obtenue
Marronnier Aesculus hippocastanum 30 12
Noisetier commun Corylus avellana 50 14
Chêne pédonculé Quercus robur 50 40
Érable du Japon Acer palmatum 40 8
Olivier de bohème Eleagnus angustifolia 140 22

Enfin, les plus belles réussites : moins de quantité qu’espéré (96 tout de même !) mais des pieds assez robustes pour être plantés directement en forêt !

J’ai déjà parlé des chênes dans mon article précédent. Ils étaient les premiers à rejoindre la forêt comestible. Et puisque je laisse les herbes grandir à volonté, j’ai pu constater que sans marquer leurs positions… il était difficile de les retrouver quelques mois après ! J’ai donc dû partir à la chasse aux trésors pour positionner une canne de bambou là où j’en retrouvais. Pour le moment, j’en ai retrouvé une quinzaine et je ne sais pas si les autres sont toujours vivants au milieu des grandes herbes ou s’ils ont péri…

Suite à cette constatation, j’ai pris les devants pour les autres espèces : je plante désormais une canne de bambou à côté de chaque pied planté. Comme ici, avec les oliviers de bohème : Plantation des oliviers de bohème

Les apprentissages

Globalement, les raisons qui expliquent que je n’ai pas réussi à produire autant que je le souhaitais au départ sont les suivantes :

Bref, malgré ce manque de sérieux j’avoue, j’ai quand même pu produire 96 plants assez robustes et 388 plants peu vigoureux, ce qui amène à un total de 484 plants produits ! Finalement, une assez belle performance au vu des conditions !

Tentative de culture de champignons mycorhiziens

05/06/2021

Déjà deux mois qu’aucun article n’a paru et pour cause : la saison des semis bat son plein et je suis donc très occupé ! Le week-end dernier, j’ai pu planter les premiers arbres issus de semis au sein de la forêt : 40 chênes pédonculés ont rejoint la forêt !

Et ils n’étaient pas seuls… Trois quarts d’entre eux ont été inoculés avec des mycorhizes de cèpes, de girolles et de morilles. Comment fonctionne la culture de champignons mycorhizien ? Quelques éléments d’informations dans cet article !

Déjà, qu’est-ce qu’un champignon mycorhizien ? Comme expliqué brièvement dans l’article sur la vie du sol, il existe 3 types de champignons : - les décomposeurs primaires, - les décomposeurs secondaires - et les mycorhiziens.

La culture des deux premiers types est assez bien documentée et ne semble pas très compliquée, à condition d’avoir du bois mort et suffisamment frais pour ne pas être déjà colonisé par des champignons non comestibles. Pour les champignons mycorhiziens, qui se développent en symbiose avec les racines végétales, la culture semble un peu plus aléatoire. Mais n’est-ce pas tentant de faire se développer des cèpes, des girolles et des morilles dans sa forêt ?

Différentes sources pour la culture de cette catégorie de champignons donnent des conseils, parfois contradictoires. J’ai donc expérimenté cette année une technique dont je n’ai pas encore la certitude qu’elle fonctionne puisque quelle que soit la source d’information, il y a une constante : les champignons arrivent généralement plusieurs années après l’inoculation (terme technique qui signifie « introduction d’un micro-organisme dans un milieu », ici des spores de champignons).

Pour commencer, j’ai commandé des spores de ces champignons sur internet. Spores de champignons dans des tubes à essai

On peut également obtenir ses propres spores en allant chercher des champignons dans la nature, en coupant le pied avec une lame préalablement stérilisée, en posant ce chapeau sur un papier propre et en retournant un verre au dessus de l’ensemble. Je n’ai pas encore essayé cette technique mais c’est celle que je privilégirai pour mes prochaines tentatives car les spores sont vendues relativement chères pour un résultat comme je disais toujours assez aléatoire.

Ensuite, il faut mélanger ces spores dans un sirop léger (5% de sirop sans conservateur), en veillant à travailler dans des conditions les plus stériles possible : bien se laver les mains et ne pas laisser le contenant ouvert trop longtemps. Certains préconisent même de désinfecter le plan de travail et de manipuler à moins de 20cm d’un bec Bunsen. Ceci pour éviter qu’une bactérie contamine le sirop et prenne le dessus sur le champignon.

Pour ma part, j’ai essayé d’être précautionneux mais sans matériel spécifique (donc sans bec bunsen). Quant aux contenants, j’ai d’abord utilisé des bouteilles d’eau neuves puis j’en ai fait d’autres dans des bocaux à confiture. Je conseille plutôt les bocaux car les bouteilles ont tendance à gonfler et donc à tomber voire exploser. En effet, le mycélium dégage du CO2 en se développant. Par ailleurs, il est toujours préférable de faire plusieurs bocaux plutôt qu’une grande bouteille pour ne pas tout perdre s’il y a une contamination.

Solution sucrée inoculée avec des spores de champignons

L’étape suivante consiste à laisser le mycélium se développer pendant au moins 10 jours. De mon côté, je l’ai laissé plus longtemps pour voir vraiment quelque chose se développer. Je suis sceptique sur la réussite de mon mélange car j’avais seulement quelques tâches au fond et pas un vrai "nuage" blanc comme certains. Mais je suis quand même passé à la suite : je retesterai une autre fois plus tard pour optimiser les chances qu’au moins l’une fonctionne !

Et enfin, au moment de la plantation de mes chênes, j’ai arrosé avec ce mélange avant de recouvrir d’un peu de terreau et de foin. La terre doit rester humide donc j’ai fait ça le week-end dernier quand la météo annonçait une semaine de pluie.

Jeune chêne tout juste planté

Certains préconisent de verser ce mycélium au pied d’un très jeune arbre pour qu’il n’ait pas encore trop d’éventuels mycorhizes d’autres champignons non comestibles. D’autres disent au contraire qu’il est préférable de creuser un trou près d’un arbre déjà d’un certain âge et d’y verser le mycélium. J’ai opté pour la première solution cette fois ci mais il est probable que je réessaie aux pieds d’arbres plus âgés à l’avenir, toujours pour maximiser les chances d’en avoir un jour !

Dernière technique que j’essaierai peut-être un jour aussi : prélever un peu de sol près de champignons sauvages que l’on veut avoir et le déposer dans son terrain.

Bref, différentes façons de faire sont documentées de façon plus ou moins détaillée dans des livres et sur internet. Dans tous les cas, j’ai l’impression que c’est encore assez expérimental. Mais ça vaut le coup d’essayer non ?

Quelques plantes sauvages comestibles

20/03/2021

Avec le printemps, les premières fleurs de l’année colorent les paysages. Depuis que je m’intéresse un peu plus à la botanique, j’essaie d’identifier les plantes et les fleurs que je rencontre quand je me promène. Et je suis très souvent surpris d’apprendre que telle plante peut servir d’aromatique ou que telle fleur peut parfumer un dessert.

Je vais vous présenter dans cet article un certain nombre de ces plantes sauvages que l’on peut mettre dans son assiette.

Attention : certaines d’entre elles peuvent être confondues avec d’autres plantes dont certaines sont toxiques : assurez-vous de bien identifier une plante avant de la consommer, avec l’aide d’un professionnel si vous avez un doute. Par ailleurs, certaines espèces sont protégées et ne doivent donc pas être cueillies dans la nature.

La violette

Le fait que la violette est comestible m’était déjà connu : je me souviens des bonbons vosgiens à la violette de mon enfance et je connais également depuis un moment le sirop de violette qui peut entrer dans la composition de certains cocktails.

Je n’avais par contre jusqu’à récemment jamais fait le rapprochement avec cette jolie fleur qu’on peut trouver ici ou là en se baladant. J’en ai même à quelques mètres seulement de ma maison ! Violette

L’achillée millefeuille

Alimentaire et médicinale, cette plante est très commune. On en utilise les fleurs en infusion ou pour parfumer des desserts et les feuilles comme herbe aromatique. Achillée millefeuille

Le lamier pourpre

De la même famille que l’ortie, elle aussi comestible, le lamier pourpre fait partie de ces plantes que l’on peut consommer. Ses feuilles sont moins intéressantes que celles de l’ortie mais ses petites fleurs violettes peuvent donner de la couleur à une assiette. Lamier pourpre

La primevère commune

Elle est rare dans certaines régions, notamment en Lorraine où elle est protégée et donc où il n’est pas autorisé d’en cueillir des sauvages. Elle est pourtant intéressante gustativement et il est à noter que l’ensemble de la plante est comestible : feuilles, fleurs et racines ! Primevère commune

Le coucou (ou la primevère officinale)

Du même genre que la précédente, la primevère officinale que l’on appelle aussi le coucou est également comestible (et n’est pas protégée !). Coucou

La grande mauve

Autrefois cultivée à des fins alimentaires, la grande mauve fait également partie des fleurs que l’on peut consommer. Mieux que ça : toute la plante est comestible. Les feuilles, une fois cuites, prennent une consistance visqueuse, ce qui permettrait d’en faire une fondue (sans doute très différente de la fondue savoyarde, mais à tester !). Grande mauve

L’onagre bisannuelle (ou jambon du jardinier)

Et la meilleure pour la fin : l’onagre bisannuelle. Ses feuilles peuvent servir de légume mais le plus étonnant réside dans ses racines qui ont le parfum de jambon, ce qui lui vaut son surnom de "jambon du jardinier".

Pour avoir essayé, l’odeur de jambon est vraiment bluffante ! (Le goût l’était un peu moins, mais peut-être à cause de la très faible quantité et de la cuisson à l’eau que je lui ai fait subir. Cette année, j’en sème au potager pour goûter en plus grande quantité.) Onagre bisannuelle

Et bien d’autres !

Bien d’autres plantes sauvages sont comestibles aussi comme la cardamime des prés, le trèfle violet, le pissenlit, le plantain mais aussi bien sûr les fleurs et les fruits d’arbustes dont j’ai déjà parlé dans ce blog et que l’on peut trouver dans la nature : églantiers, aubépines, etc. Que la nature est généreuse !