La forêt comestible

Aulnes et myriques, de la difficulté à les trouver

21/12/2019

Comme évoqué dans un article précédent, il y a certaines espèces d’arbres que je n’ai trouvées nulle part : ni dans la pépinière proche de chez moi, ni sur internet, même dans certaines pépinières en ligne spécialisées dans les espèces rares.

Parmi ces espèces que je ne trouvais pas, deux arbres fixateurs d’azote que j’aimerais placer pour l’un en haie et pour l’autre au sein de la forêt : l’aulne vert (Alnus viridis) et le myrique (Myrica cerifera).

L’aulne vert, qui peut faire jusqu’à 3m de long comme de large, est un bon fixateur d’azote, comme tout le genre Alnus d’ailleurs. La différence étant sans doute sa taille réduite qui permet d’en placer un grand nombre de spécimens (comparé à un aulne glutineux qui peut monter jusqu’à 25m de haut pour 10m de large !). De pousse rapide, et de port buissonnant, il est très adapté pour être intégré dans une haie et j’en ai donc placé plusieurs sur le plan de ma forêt.

Le myrique, lui aussi un arbre fixateur d’azote, lui aussi un arbre qui pousse très rapidement, est quant à lui plutôt destiné à se situer au sein de la forêt puisqu’il peut monter jusqu’à 9m de haut. Sa largeur limitée, de 3m environ, permet de le placer facilement sans pour autant trop réduire la surface destinée aux fruitiers. Par ailleurs, même si les fruits ne sont d’après mes lectures pas formidables à manger, ils ont deux autres usages plus intéressants :

Schéma représentant les dimensions comparées de l’aulne vert, du myrique et de l’aulne glutineux (à partir d’images entrées dans le domaine public) : Aulne vert, Myrique, Aulne glutineux (L’aulne glutineux, que je pense quand même inclure dans ma forêt, devra être taillé et ne peut donc pas être intégré en grand nombre dans la surface dont je dispose.)

Pour revenir aux deux espèces qui nous intéressent dans cet article, je ne les ai donc trouvées nulle part, jusqu’au jour où je les ai enfin repérées sur internet… en graines ! Même s’ils poussent rapidement, il faudra donc s’armer de patience pour que leur présence marque vraiment les lieux ! (Mais un tel projet de forêt comestible nous force forcément à avoir un autre rapport au temps !)

Bref, c’est en parcourant le web à la recherche de graines d’engrais vert en grande quantité (les engrais verts étant un autre sujet que je traiterai plus tard) que j’ai découvert le site des semences du Puy, une entreprise familiale qui vend bon nombre de graines d’arbres, lianes, engrais verts et fleurs.

Je sais donc enfin comment avoir des aulnes verts et un (ou des) myrique(s) !

Dans le prochain article, je parlerai des engrais verts. Puis je reviendrai dans un prochain article sur ces aulnes verts et ces myriques !

Distanciation

16/12/2019

Je vais revenir dans cet article sur quelques règles à respecter concernant la distance entre les plants dans la strate arbustive et dans la canopée.

Il est important de réfléchir aux distances entre les arbres et arbustes pour plusieurs raisons :

Il est également important de réfléchir à la distance entre deux plants d’une même espèce :

Distance entre 2 plants côte à côte

Martin Crawford conseille d’avoir entre deux arbres de rayons rA et rB une distance comprise entre (rA+rB)/4 et (rA+rB)/2.

Pour donner un exemple, deux arbres de 2m de rayon devraient selon cette règle être espacés d’une distance comprise entre 1m et 2m.

Par ailleurs, il conseille de prendre en compte l’orientation de la lumière pour concevoir le plan. Dans l’ensemble de ma forêt, j’ai choisi de respecter plus ou moins la distance minimale préconisée (rA+rB)/4 dans la direction Est-Ouest et la distance maximale préconisée (rA+rB)/2 dans la direction Nord-Sud. (Le soleil étant côté Sud, l’ombre projetée dans la direction Sud-Nord est plus grande que dans la direction Ouest-Est.)

En schéma, ça donne ceci : Distanciation

Exceptionnellement pour les châtaigniers de ma forêt, je n’ai donc pas respecté cette règle (ils auront plus d’ombre et produiront moins de fruits, mais la châtaigne n’est pas le fruit que nous mangeons le plus !).

Distance entre 2 plants de même espèce

Concernant la distance entre 2 pieds de la même espèce, cela dépend des espèces car la fécondation n’est pas la même selon les deux cas de figures suivants :

Pour autant, même chez les espèces monoïques, toutes ne sont pas autofertiles, c’est à dire que chez certaines espèces, même si un même pied porte des fleurs mâles et femelles, la fécondation ne peut avoir lieu qu’avec un autre pied.

Enfin, il existe plusieurs types de pollinisation, principalement chez nous :

Dans la forêt comestible, on a volontairement limité le vent : les plants des espèces anémogames et non autofertiles devront donc être proches les uns des autres. Les insectes pouvant quant à eux parcourir de longues distances, les plants des espèces entomogames peuvent au contraire être éloignés.

Par ailleurs, pour éviter les maladies, il faut éloigner au maximum les pieds de même espèce (voire de même genre) pour éviter au maximum leur propagation.

Ainsi, les pieds des espèces qui pourront être éloignées devront l’être au maximum, mais celles nécessitant d’être proches pour produire des fruits devront l’être suffisament (notamment les anémogames non autofertiles, c’est à dire celles dont la pollinisation se fait par le vent et qui ne peuvent se polliniser seules).

J’ai d’ailleurs fait une erreur lors de la plantation : en plantant un argousier de façon isolée au Nord-Est de ma forêt, je me suis rendu compte sur l’étiquette qu’il s’agissait d’un pied mâle… et donc que l’argousier est dioïque. Celui-ci n’avait donc là-bas aucune utilité sans pied femelle aux alentours… (j’ai corrigé cette erreur le lendemain en le déplaçant). Pas facile de penser à tout !

Premières plantations

15/12/2019

Le moment est enfin arrivé : fin novembre et début décembre, on a reçu (de façon échelonnée) les différents arbres et arbustes commandés.

Sans grande surprise, les arbres achetés en pépinière sont beaucoup plus grands et plus beaux que ceux achetés sur internet, ce qui justifie bien le prix plus élevé.

Sur conseil du pépiniériste, nous avons achetés également du fumier et de l’engrais (naturel bien sûr). Pour chaque plant, on a donc placé dans le trou un mélange de terreau et de fumier, le plant lui-même évidemment puis complété avec de la terre de jardin mélangée avec terreau et fumier.

Résultat pour la haie (il faut encore que ça pousse !) : Haie fraîchement plantée

Et pour les petits fruitiers : Petits fruitiers fraîchement plantés

Concernant les arbres les plus grands, les trous préalablement creusés étaient loin d’être assez grands. Reçus à racine nues avec une envergure de 60 à 70cm, il a donc fallu pour ceux-ci creuser un peu plus large à la bêche. Et afin qu’ils tiennent bien en place et ne finissent pas par pencher à cause du vent, nous les avons tuteurés.

Voici le résultat pour par exemple le quetschier (en premier plan) :

Quetschier fraîchement planté

Enfin, dernière étape : déposer de l’engrais en surface pour qu’il alimente le sol progressivement au fur et à mesure du temps et des pluies qui l’intègrent dans le sol.