Je vais revenir dans cet article sur quelques règles à respecter concernant la distance entre les plants dans la strate arbustive et dans la canopée.
Il est important de réfléchir aux distances entre les arbres et arbustes pour plusieurs raisons :
- trop proches, les plants se font trop d’ombre et peu de fruits vont pousser,
- trop éloignés, il y a déjà de façon évidente une perte de place mais on va également perdre un peu les avantages de l’écosystème forester (humidité, fraîcheur, etc).
Il est également important de réfléchir à la distance entre deux plants d’une même espèce :
- trop proches, les maladies vont plus facilement se propager de l’un à l’autre,
- trop éloignés, selon le type de pollinisation, il y aura moins de fruits.
Distance entre 2 plants côte à côte
Martin Crawford conseille d’avoir entre deux arbres de rayons rA et rB une distance comprise entre (rA+rB)/4 et (rA+rB)/2.
Pour donner un exemple, deux arbres de 2m de rayon devraient selon cette règle être espacés d’une distance comprise entre 1m et 2m.
Par ailleurs, il conseille de prendre en compte l’orientation de la lumière pour concevoir le plan. Dans l’ensemble de ma forêt, j’ai choisi de respecter plus ou moins la distance minimale préconisée (rA+rB)/4 dans la direction Est-Ouest et la distance maximale préconisée (rA+rB)/2 dans la direction Nord-Sud. (Le soleil étant côté Sud, l’ombre projetée dans la direction Sud-Nord est plus grande que dans la direction Ouest-Est.)
En schéma, ça donne ceci :
Exceptionnellement pour les châtaigniers de ma forêt, je n’ai donc pas respecté cette règle (ils auront plus d’ombre et produiront moins de fruits, mais la châtaigne n’est pas le fruit que nous mangeons le plus !).
Distance entre 2 plants de même espèce
Concernant la distance entre 2 pieds de la même espèce, cela dépend des espèces car la fécondation n’est pas la même selon les deux cas de figures suivants :
- chez les espèces monoïques, les fleurs mâles et les fleurs femelles sont portées par le même pied,
- chez les espèces dioïques, il existe des pieds mâles et des pieds femelles : il est donc nécessaire d’avoir un de chaque pour avoir des fruits.
Pour autant, même chez les espèces monoïques, toutes ne sont pas autofertiles, c’est à dire que chez certaines espèces, même si un même pied porte des fleurs mâles et femelles, la fécondation ne peut avoir lieu qu’avec un autre pied.
Enfin, il existe plusieurs types de pollinisation, principalement chez nous :
- l’entomogamie : la plante utilise les insectes pour se polliniser (entre autres les abeilles auxquelles on pense souvent, mais elles ne sont pas les seules),
- l’anémogamie : c’est le vent qui transporte le pollen d’une fleur à une autre.
Dans la forêt comestible, on a volontairement limité le vent : les plants des espèces anémogames et non autofertiles devront donc être proches les uns des autres. Les insectes pouvant quant à eux parcourir de longues distances, les plants des espèces entomogames peuvent au contraire être éloignés.
Par ailleurs, pour éviter les maladies, il faut éloigner au maximum les pieds de même espèce (voire de même genre) pour éviter au maximum leur propagation.
Ainsi, les pieds des espèces qui pourront être éloignées devront l’être au maximum, mais celles nécessitant d’être proches pour produire des fruits devront l’être suffisament (notamment les anémogames non autofertiles, c’est à dire celles dont la pollinisation se fait par le vent et qui ne peuvent se polliniser seules).
J’ai d’ailleurs fait une erreur lors de la plantation : en plantant un argousier de façon isolée au Nord-Est de ma forêt, je me suis rendu compte sur l’étiquette qu’il s’agissait d’un pied mâle… et donc que l’argousier est dioïque. Celui-ci n’avait donc là-bas aucune utilité sans pied femelle aux alentours… (j’ai corrigé cette erreur le lendemain en le déplaçant). Pas facile de penser à tout !