Tentative de culture de champignons mycorhiziens

05/06/2021

Déjà deux mois qu’aucun article n’a paru et pour cause : la saison des semis bat son plein et je suis donc très occupé ! Le week-end dernier, j’ai pu planter les premiers arbres issus de semis au sein de la forêt : 40 chênes pédonculés ont rejoint la forêt !

Et ils n’étaient pas seuls… Trois quarts d’entre eux ont été inoculés avec des mycorhizes de cèpes, de girolles et de morilles. Comment fonctionne la culture de champignons mycorhizien ? Quelques éléments d’informations dans cet article !

Déjà, qu’est-ce qu’un champignon mycorhizien ? Comme expliqué brièvement dans l’article sur la vie du sol, il existe 3 types de champignons : - les décomposeurs primaires, - les décomposeurs secondaires - et les mycorhiziens.

La culture des deux premiers types est assez bien documentée et ne semble pas très compliquée, à condition d’avoir du bois mort et suffisamment frais pour ne pas être déjà colonisé par des champignons non comestibles. Pour les champignons mycorhiziens, qui se développent en symbiose avec les racines végétales, la culture semble un peu plus aléatoire. Mais n’est-ce pas tentant de faire se développer des cèpes, des girolles et des morilles dans sa forêt ?

Différentes sources pour la culture de cette catégorie de champignons donnent des conseils, parfois contradictoires. J’ai donc expérimenté cette année une technique dont je n’ai pas encore la certitude qu’elle fonctionne puisque quelle que soit la source d’information, il y a une constante : les champignons arrivent généralement plusieurs années après l’inoculation (terme technique qui signifie « introduction d’un micro-organisme dans un milieu », ici des spores de champignons).

Pour commencer, j’ai commandé des spores de ces champignons sur internet. Spores de champignons dans des tubes à essai

On peut également obtenir ses propres spores en allant chercher des champignons dans la nature, en coupant le pied avec une lame préalablement stérilisée, en posant ce chapeau sur un papier propre et en retournant un verre au dessus de l’ensemble. Je n’ai pas encore essayé cette technique mais c’est celle que je privilégirai pour mes prochaines tentatives car les spores sont vendues relativement chères pour un résultat comme je disais toujours assez aléatoire.

Ensuite, il faut mélanger ces spores dans un sirop léger (5% de sirop sans conservateur), en veillant à travailler dans des conditions les plus stériles possible : bien se laver les mains et ne pas laisser le contenant ouvert trop longtemps. Certains préconisent même de désinfecter le plan de travail et de manipuler à moins de 20cm d’un bec Bunsen. Ceci pour éviter qu’une bactérie contamine le sirop et prenne le dessus sur le champignon.

Pour ma part, j’ai essayé d’être précautionneux mais sans matériel spécifique (donc sans bec bunsen). Quant aux contenants, j’ai d’abord utilisé des bouteilles d’eau neuves puis j’en ai fait d’autres dans des bocaux à confiture. Je conseille plutôt les bocaux car les bouteilles ont tendance à gonfler et donc à tomber voire exploser. En effet, le mycélium dégage du CO2 en se développant. Par ailleurs, il est toujours préférable de faire plusieurs bocaux plutôt qu’une grande bouteille pour ne pas tout perdre s’il y a une contamination.

Solution sucrée inoculée avec des spores de champignons

L’étape suivante consiste à laisser le mycélium se développer pendant au moins 10 jours. De mon côté, je l’ai laissé plus longtemps pour voir vraiment quelque chose se développer. Je suis sceptique sur la réussite de mon mélange car j’avais seulement quelques tâches au fond et pas un vrai "nuage" blanc comme certains. Mais je suis quand même passé à la suite : je retesterai une autre fois plus tard pour optimiser les chances qu’au moins l’une fonctionne !

Et enfin, au moment de la plantation de mes chênes, j’ai arrosé avec ce mélange avant de recouvrir d’un peu de terreau et de foin. La terre doit rester humide donc j’ai fait ça le week-end dernier quand la météo annonçait une semaine de pluie.

Jeune chêne tout juste planté

Certains préconisent de verser ce mycélium au pied d’un très jeune arbre pour qu’il n’ait pas encore trop d’éventuels mycorhizes d’autres champignons non comestibles. D’autres disent au contraire qu’il est préférable de creuser un trou près d’un arbre déjà d’un certain âge et d’y verser le mycélium. J’ai opté pour la première solution cette fois ci mais il est probable que je réessaie aux pieds d’arbres plus âgés à l’avenir, toujours pour maximiser les chances d’en avoir un jour !

Dernière technique que j’essaierai peut-être un jour aussi : prélever un peu de sol près de champignons sauvages que l’on veut avoir et le déposer dans son terrain.

Bref, différentes façons de faire sont documentées de façon plus ou moins détaillée dans des livres et sur internet. Dans tous les cas, j’ai l’impression que c’est encore assez expérimental. Mais ça vaut le coup d’essayer non ?